Le prix de l’inégalité

Députée NPD d'Algoma-Manitoulin-Kapuskasing Carol Hughes

Députée NPD d’Algoma-Manitoulin-Kapuskasing Carol Hughes

Oxfam signale dans son rapport publié cette semaine que la moitié des richesses mondiales seront détenues par 1 % de la population d’ici 2016 et que les 80 personnes les plus riches possèdent autant que les 3,5 milliards des personnes les plus pauvres mis ensemble. Même si la situation semble inévitable, vu les rapports publiés ces dernières années, c’est de très mauvais augure pour notre économie, notre démocratie et ceux désireux de gravir l’échelle sociale.

Il faut songer à un détail non négligeable : les conséquences vécues par le passé d’une aussi forte concentration de la richesse. D’après le très estimé économiste Joseph Stiglitz, nous sommes sur le point de nous trouver dans les mêmes circonstances qui ont conduit à la Grande Crise de 1929, provoquée par l’effondrement des marchés et une concentration similaire de la richesse. À l’époque, le gouvernement américain tentait de maîtriser les dépenses sociales à coup de mesures d’austérité – comme le Canada s’emploie de nos jours. L’échec a été retentissant. En effet, l’économie de consommation et les dépenses publiques ont plongé, faisant voler en éclats la confiance du peuple et empêchant toute croissance pendant une décennie. Sommes-nous condamnés à répéter cette erreur?

Une telle inégalité des richesses fait partie des conséquences d’un déséquilibre politique. Personne n’ignore que les pays aux prises avec le creusement galopant des inégalités sont dirigés par des gouvernements de droite. Ces derniers sont appuyés par les grandes fortunes, qui consacrent beaucoup d’argent à protéger leurs avoirs et à s’enrichir.

Même si la situation est pire aux États‑Unis à ce sujet, le Canada s’applique à emprunter la même voie. Selon M. Stiglitz, le phénomène tire son origine des politiques économiques de Ronald Reagan, que les gouvernements de Brian Mulroney et de Jean Chrétien ont reprises. Ces politiques ne parlaient que de déréglementation, de dégradation des mesures de protection sociale et d’affaiblissement des institutions, comme les syndicats, qui servent de contrepoids dans l’équilibre des rapports de force sociaux.

Oxfam exhorte les gouvernements à empêcher l’évitement fiscal des entreprises et des plus nantis et à transformer les taxes sur la main-d’œuvre et à la consommation en mesures visant la croissance et les revenus. À défaut de ces changements, la notion de mobilité sociale risque de relever davantage d’une chimère que de la réalité. En outre, on fera payer le prix fort aux prochaines générations.

Au Canada, l’économie est fortement tributaire des ressources. Sans réglementation digne de ce nom, surtout sur le plan environnemental, on lèguera une dette environnementale à la prochaine génération et aux suivantes. De surcroît, on ne prend pas la richesse créée par les ressources pour l’investir dans les ressources humaines. Ainsi, il devient difficile de diversifier correctement l’économie, d’y faire participer plus de gens et de leur en faire profiter.

Chose certaine, le gouvernement n’entend pas adopter ces mesures. Leurs actions passées en annoncent d’autres de même nature et elles feront que plus de gens se battront pour une part toujours plus petite de la richesse. La fin ne sera pas heureuse, mais on peut la changer. Ce qu’il faut, c’est un gouvernement non assujetti aux intérêts des plus nantis et plus désireux de créer des conditions pour que davantage de gens travaillent fort et pour qu’ils profitent eux aussi des richesses.

 

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