L’Interdiction des phtalates aurait dû venir plus tôt dit Hughes

Santé Canada se réveille enfin après avoir honteusement tergiversé pendant dix ans.

La députée Carol Hughes, Algoma-Manitoulin-Kapuskasing

Au rayon des bonnes nouvelles, les coffres à jouets de nos enfants contiendront un danger de moins pour eux maintenant que le Canada a enfin interdit – cette semaine – les produits contenant des phtalates. Ces additifs chimiques, qui servent à assouplir les plastiques et les vinyles, se retrouvaient souvent non seulement dans les jouets pour enfants, ce qui est déjà grave, mais aussi dans les sucettes pour bébés, ce qui donne carrément la chair de poule.

Si vous aviez oublié depuis combien de temps cette interdiction était dans les cartons, vous êtes pardonnés. On en parle depuis plus de dix ans. Le Parlement européen a interdit les phtalates en 1999. La même année, Santé Canada a émis un avertissement selon lequel les enfants de moins de 8,2 kg qui suçaient ou mâchonnaient plus de trois heures par jour des produits comme des jouets-dentition et des hochets faits de phtalate de diisononyle (DINP) risquaient de souffrir d’hépatomégalie ou de lésions aux reins. 

Un tel avertissement et les mesures prises par le Parlement européen auraient dû suffire à nous convaincre dès 1999 qu’il était indiqué d’interdire ces produits chez nous. Et si cela n’a pas été fait, ce n’est pas non plus parce que notre Parlement n’en a pas été informé. La députée néo-démocrate Judy Wasylycia-Leis a fait de cette question son cheval de bataille dès son élection, en 1997. De toute évidence, le gouvernement de l’époque n’a pas écouté.

En 2006, la Chambre des communes a débattu et adopté à l’unanimité un projet de loi néo-démocrate tendant à interdire l’utilisation de tous les types de phtalates dans la fabrication des produits destinés aux enfants, mais le Sénat l’a rejeté à l’automne de 2008, quand Stephen Harper a appelé des élections fédérales générales afin que les Canadiens votent avant la récession économique qui se profilait à l’horizon.

Une fois de plus, les néo-démocrates étaient loin devant le peloton, mais cela n’aurait rien de réconfortant maintenant qu’on sait que pendant plus de dix ans, beaucoup d’enfants ont été exposés inutilement à ces perturbateurs endocriniens. D’ailleurs, pourquoi a-t-on autorisé la commercialisation de ces jouets et autres produits sans qu’ils aient été soumis aux tests voulus pour en connaître les risques?

Nous savons pertinemment que notre environnement est de plus en plus contaminé par les produits chimiques. Notre eau potable est chargée de résidus chimiques. Chaque année, notre atmosphère est visiblement plus polluée que l’année précédente et pourtant, quand un produit – comme ce composé chimique – est dénoncé comme dangereux, les rouages du gouvernement tournent avec une lenteur désespérante.

Santé Canada est censé être un organisme qui protège les Canadiens. En l’occurrence, il semble qu’il se soit dérobé à sa responsabilité pour avantager les fabricants de jouets et de sucettes en vinyle souple. Qu’est-il advenu de la surveillance ministérielle et pourquoi le ministère a-t-il fait passer la santé des Canadiens après celle des entreprises, qui se sont enrichies pendant plus de dix ans en vendant au Canada des produits qui interdits à l’étranger? La même chose est arrivée l’automne dernier, quand nous avons appris que le ministère gardait pour lui depuis des mois les résultats de tests montrant des teneurs inacceptables en cadmium dans les jouets pour enfants au mépris des résultats de ses propres recherches, selon lesquels le cadmium est encore plus toxique que le plomb.

Le moment est peut-être venu de faire le ménage à Santé Canada et peut-être aussi au cabinet du ministre. On peut parler économie jusqu’à en avoir des étourdissements, mais nul ne peut nier, de quelque couleur politique qu’il soit, que nous ne devrions pas mettre la santé de nos enfants en péril pour que nos entreprises puissent s’enrichir plus vite.

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