“L’art de refiler la facture : le secret de l’approche économique du Parti conservateur” dit Hughes

Députée Fédérale d'Algoma-Manitoulin-Kapuskasing Carol Hughes

Le prix de l’essence a atteint dans les dix derniers jours de nouveaux records. Nous sommes tristement familiers, dans le nord, avec le caractère imprévisible du prix de l’essence et avec ses conséquences sur le budget des ménages. Si encore on brûlait du carburant canadien, raffiné au pays dans le cadre d’une stratégie de création d’emplois, de sécurité énergétique, de préservation et d’innovation environnementales, on se ferait une raison. Mais telles ne sont pas les priorités du gouvernement. Oser les mentionner, c’est s’attirer une diatribe conservatrice.

Pour l’instant, la plus grosse partie de la production canadienne d’hydrocarbures est destinée à l’exportation et crée fort peu d’emplois à valeur ajoutée. En fait, la part de la propriété étrangère va croissant et les profits s’envolent hors du Canada – sans que cessent pour autant les milliards de subventions et de dégrèvements d’impôt consentis au secteur du gaz et du pétrole. La cerise sur le gâteau? C’est la détermination des Conservateurs à refiler la facture de l’assainissement de l’environnement aux générations à venir.

Prétendre que l’économie est en péril si on inclut l’atténuation des méfaits environnementaux dans le coût de production actuel est absurde. Demandez donc aux Canadiens s’ils veulent un pays vérolé de sites contaminés! On a le résultat sous les yeux au Cap Breton, où on débourse actuellement des centaines de millions de dollars pour assainir seulement un site de ce type, créé dans les années cinquante et soixante, à une époque où la science environnementale était encore balbutiante.

Il va sans dire que tout parent veut que ses enfants s’en sortent au moins aussi bien que lui – évidence que contredit néanmoins la teneur même du programme économique des Conservateurs. Refuser le principe du pollueur-payeur, c’est tout bonnement refiler le problème aux générations à venir : tout dans les mains, rien pour demain! Les Conservateurs s’opposent par principe à toute réglementation gouvernementale, idéologie qui a des conséquences tragiques, pas seulement pour notre environnement.

Le bilan des Conservateurs, dans les quelques années seulement depuis leur accession au pouvoir? Le voici : 50 ans de croissance économique bradés contre 50 millions de dégrèvements d’impôt pour les grosses sociétés, le régime de pension public affaibli, l’assurance emploi anémiée, les soins de santé universels en péril et une facture d’assainissement massive pour les générations à venir. Nous sommes aux prises avec des ressources budgétaires réduites, du fait des allègements fiscaux consentis aux grosses sociétés pour qu’elles créent des emplois. Mais où donc sont ces emplois? Pendant la période des questions à la Chambre, le premier ministre, pressé de citer même une mesure favorable à la création d’emplois, n’a rien trouvé de mieux que le programme des travailleurs immigrants temporaires.

En fait, depuis six brèves années que les Conservateurs sont à la barre, on a perdu 316 000 emplois dans le secteur manufacturier – de bons emplois, avec une retraite et des prestations. Qu’est-ce qui les remplace? Plus d’emplois mal rémunérés, temporaires ou à temps partiel, aptes à priver d’une retraite adéquate ceux qui les exercent et donc à nécessiter ensuite une plus grande intervention gouvernementale. Comme le refus de faire payer les pollueurs, c’est une tendance qui gonfle la dette sociale et refile la facture à d’autres. Ce n’est pas une approche digne du Canada où j’ai grandi, ni du pays que je souhaite léguer à mes petits enfants.

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