Carol en Contemplation: le Sénat

Députée d'Algoma-Manitoulin-Kapuskasing Carol Hughes

Laissez-les faire : les sénateurs nous montrent très bien pourquoi nous n’avons pas besoin d’eux

La récente enquête sur les allocations de logement douteuses des sénateurs a placé la Chambre rouge sous les feux de la rampe, poussant les Canadiens à se questionner sur l’utilité de l’institution. Une chose est sûre; ceux qui profitent le plus du travail des sénateurs sont les partis politiques qui leur donnent des emplois à vie.

Longtemps reconnu comme le bastion du second examen objectif, le Sénat n’est en fait qu’une chambre d’écho pour les conservateurs et les libéraux de la Chambre des communes. Les seuls projets de loi qui y sont rejetés sont ceux de l’opposition, comme le projet de loi sur la responsabilité en matière de changement climatique du regretté Jack Layton. Le projet de loi avait passé toutes les étapes à la Chambre des communes, sous gouvernement minoritaire, pour ensuite être rejeté par le Sénat, dominé par les conservateurs, sans aucun débat. Comment peut‑on considérer cela comme de la démocratie?

Or, ce qui contrarie le plus les Canadiens est sans doute le fait que les sénateurs se voient offrir la sécurité d’emploi et une rémunération que la plupart d’entre nous ne peuvent même pas espérer. En tant que personnes nommées, l’allégeance des sénateurs ne va qu’au parti qu’ils représentent et non à la région pour laquelle ils sont supposés travailler.

Voici une question à laquelle la plupart des gens ne peuvent répondre – qui est votre sénateur? Les Canadiens ne le savent pas parce qu’ils n’ont aucun lien avec le Sénat, autre que les impôts qu’ils paient pour garder l’endroit à flot. Les sénateurs n’ont pas de bureaux à l’extérieur de l’enceinte parlementaire et ils ne font pas le même travail de terrain que les députés dans leurs bureaux de circonscription. À part leurs 90 jours de travail par année, ces représentants nommés, et non élus, et libres de l’obligation de rendre des comptes, n’assument aucune autre responsabilité pour mériter leur salaire annuel de 130 000 $. Et ce chiffre ne compte même pas les budgets de bureaux et de déplacements, qui font gonfler les dépenses du Sénat jusqu’à environ 90 millions de dollars par année. C’est le comble de l’apparat, de la cérémonie et surtout, du gaspillage.

Depuis qu’il a été élu, Stephen Harper a nommé au Sénat 57 candidats défaits, agents de financement et loyalistes. Les contribuables paient la facture pour que ces personnes puissent travailler, d’abord et avant tout, pour le Parti conservateur. Ce sera là l’héritage d’un premier ministre qui avait exprimé la volonté, lorsqu’il faisait partie de l’opposition, ne pas nommer de sénateurs non élus. N’oublions pas qu’il est maintenant celui qui a nommé Patrick Brazeau.

Le scandale qui éclabousse le Sénat est une bonne chose. Plus les Canadiens se révolteront des détails, plus ils en arriveront à la conclusion qu’il est temps d’abolir le Sénat, qui n’est qu’un renvoi au passé, conçu pour servir les intérêts des privilégiés, dans la plus pure tradition de la Chambre des lords britanniques. Les défenseurs du Sénat affirment que les querelles constitutionnelles rendraient pratiquement impossible le ralliement des provinces. Il s’agit là du raisonnement de personnes qui veulent protéger les avantages dont ils jouissent. Les résultats de sondages de l’opinion publique et un mandat fort accordé par référendum motiveraient sans doute le plus résistant des premiers ministres qui, contrairement aux sénateurs, doit faire face aux électeurs de temps en temps.

Avec les difficultés économiques auxquelles le pays a été confronté récemment, on demande à la plupart des Canadiens d’accepter que le gouvernement fédéral leur en donne un peu moins. Stephen Harper affirme qu’il élimine le financement public des partis politiques, mais il ne mentionne pas que l’argent public continue de couler à flot pour les privilégiés et les puissants par l’intermédiaire du Sénat. Il serait peut-être temps pour celui qui a rempli le Sénat de joindre le geste à la par

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