Carol en Contemplation: “Une mauvaise nouvelle pour les abeilles est une mauvaise nouvelle pour nous tous”

La Députée Carol Hughes d'Algoma-Manitoulin-Kapuskasing

Il y a quelques années de cela, je vous avais écrit au sujet du péril menaçant les abeilles (et tout particulièrement les abeilles domestiques) alors que le syndrome d’effondrement des colonies constituait un phénomène et une préoccupation croissants. Aux dernières nouvelles, le péril est loin d’être écarté, et ne fait au contraire que s’aggraver. Ce sont des nouvelles très graves, car leurs répercussions pourraient se faire sentir de bien des façons, et jusque dans votre assiette.

Les populations d’abeilles sont en déclin depuis de nombreuses années. On a pensé d’abord qu’un certain nombre de facteurs de stress en étaient la cause. Puis l’on a de plus en plus souvent vu une catégorie de pesticides, les néonicotinoïdes, pointée du doigt comme étant la cause probable de ce risque d’extinction planétaire des abeilles.

Ces dernières semaines, deux hécatombes ont souligné le besoin urgent de prendre le problème au sérieux. En juin, des dizaines de milliers de bourdons sauvages ont été retrouvés morts sur un stationnement, dans l’Oregon, après que les arbres environnants eurent été pulvérisés avec un pesticide néonicotinoïde afin de lutter contre les pucerons. Début juillet, un apiculteur du Sud de l’Ontario a annoncé qu’il avait perdu plus de 37 millions d’abeilles après que les champs de maïs qui entourent sa ferme eurent été plantés avec des semences traitées aux néonicotinoïdes. Il affirme que la poussière générée lors de la plantation a rapidement tué ses abeilles.

Les abeilles domestiques sont des créatures incroyables qui vivent en sociétés organisées et communiquent par la danse (« danse frétillante »). Une abeille peut voler jusqu’à 7 kilomètres pour trouver des fleurs, puis indiquer à ses congénères où se trouvent ces dernières par sa danse. Des études ont démontré que l’exposition aux pesticides néonicotinoïdes entraînait chez les abeilles des pertes de mémoire et de communication. Certains pays, comme le Royaume-Uni et les pays de l’Union européenne, ont interdit leur utilisation.

Ce n’est toujours pas le cas en Amérique du Nord où les sociétés des secteurs agroalimentaire et chimique bénéficient d’une protection tandis que les détracteurs de leurs produits se doivent de fournir la preuve irréfutable et définitive du tort causé pour que les gouvernements prennent des mesures de protection de l’environnement et des consommateurs. Comme on peut le constater, le principe de précaution a été renversé afin de protéger des intérêts financiers contre le bien-être de la société.

Il y a, là, quelque chose de pourri : alors que nous attendons en vain que des mesures soient prises, nous nous retrouvons de fait à la veille d’une catastrophe planétaire, car c’est à cela que se résumerait un monde sans abeilles. Une bouchée sur trois que nous prenons dans notre assiette est directement liée aux abeilles domestiques. Et sans les abeilles sauvages, la diversité végétale serait gravement réduite, car toutes les espèces qui dépendent des abeilles disparaîtraient avec elles.

La façon dont les répercussions possibles d’un tel désastre menacent les fondements de notre société n’est même pas un sujet de préoccupation pour le gouvernement. Pire, nos scientifiques sont muselés par la « mainmise sur l’information » de notre gouvernement actuel, et nous ne pouvons donc même pas être sûrs de connaître l’avis des spécialistes que nous avons engagés pour entreprendre des recherches publiques sur  la sécurité  et la pertinence de ces pesticides.

Il existe d’autres raisons possibles de l’effondrement des colonies que les sociétés, ayant avantage pour des raisons financières à ce que rien ne soit entrepris, vont défendre avec ardeur. Ces sociétés, qui sont fortement représentées par les lobbys, boivent et dînent régulièrement avec les responsables politiques qu’elles appuient afin de maintenir le statu quo. Il demeure des plus regrettables que ce statu quo consiste essentiellement à accepter le déclin généralisé des abeilles et des autres pollinisateurs, et les conséquences qui en découlent, comme une fatalité. Il serait assurément grand temps que le gouvernement prenne la question au sérieux.

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