“Faire fi de la démocratie pour soutenir la démocratie” Députée Carol Hughes
Députée NPD d’Algoma-Manitoulin-Kapuskasing Carol Hughes
Le Parlement a tenu un débat d’urgence cette semaine sur la réponse du Canada à la situation en Iraq. Le fait qu’il se soit agi d’un débat d’urgence et non d’un débat tenu par le gouvernement en dit long sur l’approche cavalière du premier ministre dans ce dossier. C’était encore plus manifeste quand Thomas Mulcair était le seul chef de parti présent à la Chambre des communes pour le débat. Il a prononcé le discours marquant de la soirée, et il était clair qu’il n’avait pas son égal sur les banquettes clairsemées du gouvernement.
En envoyant des troupes dans un conflit armé sans consulter le Parlement, le premier ministre trahit ses propres promesses, maintes fois répétées, de mettre aux voix aux Communes une motion claire qui énonce les détails (objectifs, stratégie, coûts et durée) de tels engagements de la part du Canada. En obligeant les députés à exiger le respect de la procédure, les conservateurs se font passer pour les défenseurs de la démocratie, face aux défenseurs des terroristes – alors que rien n’est plus faux.
Il est assez évident qu’il ne s’agit pas de décider si le Canada devrait jouer un rôle dans cette mission. Ce qui est en cause c’est le droit de savoir des Canadiens et la nécessité pour les parlementaires qu’ils élisent d’approuver une opération aussi importante. En d’autres mots, qu’est-ce qui presse au point de justifier le mépris de nos traditions démocratiques?
Les États-Unis ont décrit très clairement leurs actions et en ont informé leurs citoyens. Notre gouvernement conservateur ne fait qu’éluder les questions et a répondu à une demande d’aide humanitaire accrue par l’envoi d’un nombre non divulgué de soldats dans une zone de conflit armé. Il ne précise pas la durée ni la nature de la mission, ni même quelle sera la chaîne de commandement. Il refuse de répondre aux préoccupations concernant un possible changement d’orientation de la mission et de dire si le Canada devrait s’engager tête baissée dans une opération sans l’appui des Nations Unies ni de l’OTAN. La seule chose qui est claire, c’est qu’il souhaite que l’opposition se dresse contre lui.
Nous ne devrions pas envoyer nos braves militaires prendre part à des missions mal définies, et il ne faut pas oublier que le Canada fournit déjà une assistance humanitaire essentielle au peuple iraquien. Cette année seulement, nous avons engagé une aide de 28 millions de dollars. Si nous devons soudain adjoindre à notre présence un élément militaire, le débat à ce sujet doit être ouvert, franc et transparent.
Les actes des terroristes sont certes horribles, mais cela n’excuse pas la manière dont les conservateurs exploitent ces événements pour en faire un enjeu électoral qui leur convient. Les Canadiens méritent mieux qu’un gouvernement qui refuse de répondre aux questions élémentaires concernant le déploiement militaire du Canada en Iraq.
