Le ministre des Finances n’est pas d’accord avec un de ses anciens employeurs

Députée NPD d'Algoma-Manitoulin-Kapuskasing Carol Hughes

Députée NPD d’Algoma-Manitoulin-Kapuskasing Carol Hughes

Sommes‑nous en récession ou pas? Cette question a fait les manchettes dans les médias cette semaine; et pendant ce temps-là, le gouvernement tente de limiter les dégâts dans un domaine où il ne veut surtout pas montrer ses faiblesses : l’économie.

On dit qu’il y a récession quand on compte deux trimestres consécutifs de décroissance. Nous avons déjà remarqué une contraction de l’économie au cours des quatre premiers mois de 2015, et tout ce qu’il reste à déterminer, c’est s’il y a eu ou pas au printemps un revirement spectaculaire de cette tendance à la baisse. Tout semble indiquer que ce renversement ne s’est pas produit, mais tant que Statistique Canada ne fournira pas les chiffres officiels, nous devrons nous en remettre aux économistes du secteur privé – comme ceux de la Bank of America Merrill Lynch – qui affirment que nous sommes entrés en récession.
Ce ne sont pas de bonnes nouvelles pour le ministre des Finances, Joe Oliver, qui était lui‑même spécialiste des services de banque d’investissement auprès de Merrill Lynch et qui affirme maintenant que les données concernant le Canada sont mal interprétées. Qui plus est, il attribue les problèmes à des facteurs externes, ce qui est un moyen facile d’exonérer son propre gouvernement de quelque faute que ce soit. On peut se demander s’il est intelligent, de la part du ministre des Finances, de s’enfouir la tête dans le sable du déni; en tout cas, il semble que ce soit politiquement opportun pour lui d’agir ainsi. L’ennui, c’est qu’en refusant d’admettre qu’il y a peut-être un problème, il y a guère de chances qu’on cherche et trouve des solutions.
C’est sans doute une bonne chose, parce que c’est ce qui explique peut-être pourquoi le genre de solutions que préconisent les politiciens conservateurs dans les démocraties occidentales ne nous a jamais vraiment permis de recouvrer des bases solides et stables depuis la crise économique de 2008. Ces gens croient que réduire les impôts des sociétés rentables et des plus riches d’entre nous favorisera l’activité économique et, du même coup, la reprise de la croissance. C’est la fameuse théorie de l’économie des effets de retombée, qui relève plus de la croyance que de tout autre chose. Dans les faits, ce concept tel qu’appliqué dans l’Ouest ne s’est jamais vraiment matérialisé, surtout pour les travailleurs, qui sont toujours parmi les premières victimes d’une récession.
La raison en est simple : quand on parle de récession, les entreprises ont tendance à thésauriser plutôt qu’à investir. C’est ce qui explique en partie pourquoi les allègements fiscaux non ciblés sont une mauvaise mesure pour contrer ce phénomène. Au bout du compte, cela n’a pour effet que de créer plus de richesses à amasser et ne garantit en rien une intervention énergique visant à redynamiser la croissance et à ramener la stabilité économique. Une meilleure solution serait d’accorder des allègements fiscaux aux entreprises qui démontrent qu’elles investissent dans leurs
propres capacités et qu’elles maintiennent ou créent des emplois.
Avec les élections fédérales qui pointent à l’horizon, le ministre des Finances nous demande de croire que les turbulences économiques vont cesser et que nous allons bientôt naviguer sur des eaux moins agitées. C’est un bon moyen pour tenter de faire oublier aux gens que son gouvernement a eu 10 ans pour redresser la barre de l’économie. Avec eux aux commandes, nous avons perdu des emplois permanents à temps plein pour nous retrouver avec des emplois à temps partiel ou temporaires mal payés et précaires. Quelque chose ne tourne pas rond, et qu’on n’essaie pas de nous faire croire le contraire.
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